Les cygnes noirs de Rose dite Yeyette
"Permettez-nous, Madame, de vous féliciter du goût que vous avez pour les sciences naturelles ; vous contribuez à leur progrès, et nous vous en remercions au nom des naturalistes."
Les professeurs du Muséum d'Histoire Naturelle
Ce compliment illustre bien la passion que Rose éprouvait pour la botanique et la zoologie.
Une expédition vers les Terres australes partit du Havre en octobre 1800. Elle était menée par le capitaine Nicolas Thomas Baudin ce marin né en 1754 à l'Ile de Ré. Marin dans la marine marchande puis dans la Compagnie des Indes Orientales devenu capitaine de vaisseaux il avait eu l'occasion de transporter des botanistes et avait appris à leur côté l'art et la manière de conserver plantes et animaux à bord des navires. Choisi pour cette expédition de découverte des côtes de l'Australie il commanda deux navires : Le Naturaliste et Le Géographe.
Le premier navire Le Naturaliste revint en juin 1803 à Lorient. Aussitôt Rose dépêcha son oiselier qui arriva avant Geoffroy Saint Hilaire envoyé par le Muséum d'Histoire Naturelle. L'oiselier sélectionna trente-cinq animaux puis les dirigea vers la Malmaison où ils parvinrent après trente deux jours de voyage. Il y a des kangourous, des émeus, des cerfs, un gnou, des perroquets, des casoars et surtout les fameux
CYGNES NOIRS
Tous les contemporains de Rose ont noté leur présence comme une des grandes curiosités du parc. C'était bien à la Malmaison que pour la première fois en France cette espèce originaire d'Australie s'était reproduite en captivité.
Rose disons Marie Joseph Rose Tascher de la Pagerie surnommée "Joséphine" (féminisation de son prénom Joseph) par Napoléon recevait de nombreux animaux du monde entier tant on savait sa passion pour la zoologie. Le général Ernouf, capitaine général de la Guadeloupe, le général Janssens, gouverneur de la colonie hollandaise du cap de Bonne-Espérance, le général Decaen, gouverneur des Indes françaises, lui ont fait parvenir oiseaux, zèbre et même un orang-outan femelle apprivoisée sachant se servir d'un couteau et d'une fourchette qui était admise à la table de Joséphine.
Pour abriter tous ces animaux, Joséphine avait fait bâtir dans l'avant parc une ménagerie disposée circulairement dans laquelle chaque espèce possédait son habitation particulière. Des treillages de fer solides quoique légers et gracieux permettaient d'observer sans danger les moeurs et habitudes de ces animaux. Si certains volatiles vivaient dans les fossés du château d'autres étaient dans huit volières qui renfermaient les oiseaux les plus rares.
Le goût de Joséphine pour les sciences naturelles se traduisait aussi par des collections d'oiseaux montés, empaillés, des coquillages, des minéraux. Elle avait installé son cabinet d'histoire naturelle dans une grande pièce au château de Bois Préau acheté pour agrandir le parc du côté de Rueil. Tous les objets ethnographiques provenant pour la plupart de l'expédition Baudin ont été la première collection océanienne connue en France
A la mort de l'Impératrice Joséphine, le 29 mai 1814 à l'âge de cinquante et un ans, il y avait encore sept cygnes noirs à la Malmaison.
Toile de Firmin Massot 1790
(Notre Impératrice est enterrée en l'Eglise Saint Pierre et Saint Paul de Rueil.)