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Le petit carnet de Maxence
6 mai 2008

L'Impératrice Joséphine et la Botanique

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Joséphine à la Malmaison par Firmin Massot 1812 Musée de l'Ermitage

Dès le début du Consulat, Joséphine Bonaparte a entretenu les meilleurs rapports avec le Muséum. Lorsque Thouin, professeur de culture, lui fera parvenir quelques fruits exotiques poussés dans les serres, ce geste la touchera infiniment.

"Je vous remercie, aimable citoyen, des excellentes figues, bananes que vous m'avez envoyées; elles m'ont rappelé mon pays et m'ont prouvé que vous saviez triompher des climats et porter tout à sa perfection".

Dès ce jour Joséphine n'aura de cesse de réussir à acclimater les plantes qui ont charmé son enfance. En mai 1802 elle écrira à sa mère : "Envoyez moi toutes les graines d'Amérique et tous les fruits : des patates, des bananes, des oranges, des mangots ou manguiers, enfin tout ce que vous pourrez en fruits et graines."
Pour avoir des graines ou des plants elle écrira partout : au sous commissaire de Portsmouth aux Etats-Unis, à Soult, consul de France à Charlestown, au commissaire du gouvernement de Londres.

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Pivoines (Dessins de Redouté)

La botanique était la vraie passion de Joséphine. Dès qu'elle s'éloignait de la Malmaison elle écrivait à sa dame du palais Mme d'Arberg pour avoir des nouvelles de son jardin. Souvent elle poussait la passion à la manie, infligeant à son entourage des dissertations botaniques nommant toutes les plantes les plus rares. Elle a envisagé de créer des jardins botaniques dans tous les départements.
Elle suivait avec attention toutes les conquêtes de l'empereur de façon à réclamer les plantes qu'elle ne possédait pas encore.
Lors de l'occupation des provinces prussiennes alors qu'on lui proposait une liste de 600 plantes, très au fait en matière botanique elle écrivait pour préciser qu'elle avait connaissance de plantes très rares dans les jardins de l'Electeur de Hesse et dans ceux de Hanovre!
Lors de l'occupation de Vienne quelques 800 plantes qui n'existaient pas en France quittèrent les serres de Schönbrunn pour les serres de la Malmaison.

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Cactus et Lobelia (Dessins de Redouté)

En plus des prises de guerre, Joséphine complètait ses collections en achetant des graines et des plantes chez les plus grands pépiniéristes européens. Elle se fournissait régulièrement chez Vilmorin à Paris, chez le rosiériste Dupont, chez Arie Corneille à Haarlem, chez Lee et Kennedy à Hammersmith près de Londres.
Ce John Kennedy avait un passeport qui lui permettait d'aller et venir à sa guise entre l'Angleterre et la France en dépit de l'état de guerre et du blocus continental et en 1811 et 1812 il continuait à livrer d'énormes quantités de plantes pour la Malmaison. Il s'associera avec Joséphine pour financer une mission au Cap d'un botaniste chargé de collecter des plantes nouvelles.
Joséphine demandera à Méneval secrétaire de l'Empereur de lui traduire des lettres qu'elle envoyait en Angleterre. Connaissant ses goûts Roederer lui fera parvenir vingt-trois paquets de graines en 1811.

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Bégonia et Solanum (Dessins de Redouté)

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1805, Joséphine par Pierre Paul Prud'hon, Musée du Louvre

De nombreuses personnes profiteront des largesses de Joséphine. Les grands jardins botaniques français et étrangers recevront des graines de Malmaison, tout comme des particuliers comme Mlle Raucourt la comédienne et Chateaubriand qui se souviendra plus tard que : "L'impératrice Joséphine entre autres nous fit présent de plusieurs arbustes, surtout un magnolia à fleurs pourpres, le seul qu'il y eût alors en France après celui qui lui restait à la Malmaison."

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Magnolias (Dessins de Redouté)

C'est près de 200 plantes nouvelles qui ont fleuri pour la première fois en France à la Malmaison entre les années 1803-1814. La collection de bruyères fut une des gloires des serres. Le nombre des espèces qui était de 50 en 1805 atteignit le chiffre de 132 en 1810. Les bruyères du Cap de 1780 à 1860 eurent une très grande popularité inimaginable aujourd'hui. A cette époque il était possible à l'illustrateur Henry Andrews de publier 4 volumes in quarto et cinq in octavo représentant les centaines d'espèces alors cultivées. Les bruyères du Cap avait fait l'objet à la fin du XVIII du premier programme suivi d'hybridation réfléchie, grâce aux pépinières William Rollisson à Tooting qui entreprirent de croiser les diverses espèces en leur possession.

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Bruyères (Dessins de Redouté)

La grande serre chaude de cinquante mètres de long surpassait la serre du Jardin des Plantes. Elle était chauffée par douze grands poêles à charbon situés dans les caves. A l'arrière des serres il y avait des salons luxueusement décorés qui donnaient sur la serre et permettaient de profiter de la vue des plantes.

Le comte de la Garde-Chambonas accompagnant le ministre anglais Fox à la Malmaison en 1802 relatera l'intérêt que portait Joséphine à ses serres :
"Elle nous fit parcourir de magnifiques serres, nous y nommant ces plantes rares que l'art et la patience de l'homme font végéter dans nos climats. "C'est ici, nous dit-elle, que je me suis sentie plus heureuse à étudier la pourpre des cactus qu'à contempler tout l'éclat qui m'environne. C'est ici que j'aimerais à trôner au milieu de ces peuplades végétales; voici l'hortensia qui vient tout récemment d'emprunter le nom de ma fille, la soldanelle des Alpes, la violette de Parme, le lis du Nil (agapanthus umbellatus maintenant agapantus africanus ou agapanthe connu dès 1629 par le botaniste anglais John Parkinson 1567-1650), la rose de Damiette (Egypte); ces conquêtes sur l'Italie et l'Egypte ne feront jamais d'ennemis à Bonaparte; mais voici ma conquête à moi, ajouta-t-elle en nous montrant son beau jasmin de la Martinique : la graine semée par moi me rappelle mon pays, mon enfance et mes parures de jeune fille " et, en vérité, en disant cela, sa voix de créole semblait une musique pleine d'expression et de tendresse."

Les botanistes Brisseau de Mirbel puis Bonpland seront les intendants de Malmaison jusqu'à la mort de l'Impératrice.
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La description des plantes et leur publication fut confiée au botaniste Ventenat membre de l'Institut avec l'aide de Pierre-Joseph Redouté chargé de peindre les fleurs il publie sous le patronnage de Joséphine le célèbre "Jardin de La Malmaison" tiré à deux cents exemplaires et dont les cent vingt planches reproduisent les plus belles plantes des serres.

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Dessin de Redouté - Planche extraite de "Jardin de la Malmaison"


Après la mort du botaniste Ventenat, Bonpland publie avec l'aide de Redouté une "Description des plantes rares cultivées à Malmaison et à Navarre" avec 64 planches illustrées.

Joséphine finance également deux autres ouvrages dont elle ne verra malheureusement pas la parution : "Les Liliacées" en huit tomes dont elle possède les aquarelles originales de Redouté qui sera publié de 1802 à 1816 ainsi que "Les Roses" dont la première édition ne verra le jour qu'en 1817 bien que Redouté ait exécuté les dessins quelques années plus tôt et que la majeur partie en ait été payé par Joséphine.

livre_redout__Les_Liliac_esAgapanthus_umbellatus_____Agapanthus_africanus__L

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rosa_centifolia_redout_rosa_damascena

(Dessins de Redouté)

Son intérêt pour les roses est telle qu'elle accroit la collection de la Malmaison jusqu'à la porter à près de deux cent cinquante espèces différentes. Les savants de l'époque se sont empressés de dédier à Joséphine des genres et des espèces nouvelles. Le nom de l'Impératrice reviendra aux plantes dont Malmaison possède les seuls plants existants. La "Lapageria rosea" qui lui emprunte son nom de jeune fille est une liane aux fleurs éclatantes en provenance du Chili dont elle est devenue la fleur nationale. La "Josephinia Imperatricis" est une plante modeste en provenance d'Australie aujourd'hui oubliée des jardins et des jardiniers.

lapageria_roseajosephinia_imperatricis
Lapageria rosea et Josephinia Imperatricis

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L'impératrice Joséphine par Gros 1808

(Cliquez sur les photos pour les agrandir)

Livre à consulter "L'impératrice Joséphine" de Bernard Chevalier et Christophe Pincemaille Edition Petite Bibliothèque Payot 1996

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Commentaires
D
bonjour, ce site est très bien réalisé, félicitations.<br /> j'ai mis un lien direct sur mon site afin de le découvrir.<br /> jardinier en chef de Malmaison
M
un superbe article fort interessant <br /> je peins sur des dessins de REDOUTE et j'ai fortement apprécié ..<br /> <br /> bon samedi
A
Ces planches sont vraiment très belles !<br /> Merci pour ma rose, mais malheureusement je n'ai pas la variété car le rosier était là quand nous avons acheté la maison...Je ne te parle même pas du parfum...A bientôt !
F
Redouté et ses magnifiques planches. Tu me donnes une furieuse envie d'aller à la Malmaison
H
Chaque visite ici est un enchantement ! Merci pour ces belles images et ces articles si bien écrits.
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