Eglise Prieurale de CUNAULT
Puisque vous acceptez de voyager avec moi, suivons ensemble le court de mon périple .
J'ai descendu ce filet d'eau qu'est la Loire en sa source depuis le Mont Gerbier de Jonc,
et me voici sur un fleuve large et tranquille entre Saumur et Gennes, aux pieds de CUNAULT (sur sa rive droite).
Fondé au IV ème siècle par Maxenceul (et non par Maxence seule!) le monastère de Cunault deviendra un prieuré dépendant de l'abbaye de Tournus en Bourgogne au X ème siècle. Consacré à la Vierge il sera vite un lieu de pèlerinage. Après les destructions dues à la Guerre de Cent Ans , les Guerres de Religions, la Révolution, il faudra attendre les travaux de restauration de l'architecte saumurois Joly-Leterme sous la direction de l'inspecteur des Monuments Historiques Prosper Mérimée (à qui l'on doit également la sauvegarde de la Collégiale Saint-Martin que vous avez pu voir dans un billet précédent) pour que nous puissions admirer ceci (le soleil n'était pas au rendez-vous, ce fut fort dommage):
Un clocher roman de la fin du XI ème le plus ancien d'Anjou terminé par une pyramide octogonale du XV ème. Il possède 4 cloches (do-ré-mi bémol et sol) provenant de la cathédrale de Constantine (Algérie). http://www.constantine.free.fr/LaVille/cloches.htm
Une façade ouest fortifiée. Un portail avec en son tympan un beau groupe de l'Adoration de la Vierge du XIII ème.
Mais ce n'est rien en comparaison de l'intérieur.
Tout n'est que grandeur et hauteur, un exemple du style gothique angevin. Dans la nef les trois premières travées ont des voûtes angevines et trois autres plus près du choeur sont couvertes en berceau brisé.
Si vous avez le bonheur de vous y rendre :
* n'oubliez pas une bonne paire de jumelles pour admirer les quelques 223 chapiteaux. Les plus beaux sont ceux comportant les scènes de l'Evangile, les Chansons de Geste, les batailles, les dragons et monstres principalement répartis dans le choeur et le déambulatoire.
* choisissez de préférence la période autour du 21 juin solstice d'été. L'autel entre 20 h et 20 h 55 sera alors éclairé par la lumière venant du vitrail au-dessus du porche d'entrée.
La bande noire qui enveloppe les colonnes de la nef est une "Litre funéraire". Elle porte les armoiries du seigneur. La Litre était placée d'autant plus haut sur les colonnes que la noblesse du seigneur était grande.
Les fresques du XVème qui soulignaient les grandes lignes architecturales
de l'église. Prenez tout votre temps pour admirer la transfiguration du
Christ avec à sa droite les murailles de Jérusalem, puis à gauche de la voûte faisant le contre point à une Litre vous verrez un magnifique Saint Christophe. (Il ressemble à un turc comme vous le voyez plus bas)
Il faut penser que ce travail a été fait du temps du Bon Roi René, duc d'Anjou, qui a contribué par sa culture et son ouverture au Quattrocento italien au développement artistique de la région.
Il faut presque deviner tant les peintures (liées avec la technique d'exécution à sec) s'altèrent avec le temps et l'humidité.
["Peinture à sec : elle est exécutée sur un enduit sec et la fixation des couleurs est
obtenue par l'addition, aux matériaux de base, de substances d'origine
animale (caséine, collagène) ou végétale (huile de lin ou de noix),
communément appelées "liants".
Une large palette de pigments
pouvait être utilisée : les ocres rouge et jaune, le blanc généralement
obtenu à partir de plomb, et le noir à partir de la fumée issue de la
calcination de bois ou d'os. Les verts et les bleus les plus courants
provenaient du cuivre, comme par exemple le résinate."]
Vous verrez également dans l'abside d'autres peintures : des scènes du Jugement dernier, et en faisant le tour du choeur, un Chapier du XV ème grand meuble de bois dans lequel on rangeait à plat les chasubles des moines, puis la Chasse de Saint Maxenceul sculptée en un seul bloc de noyer. Elle est d'autant plus rare qu'elle est en bois et que presque toutes les chasses qui nous sont parvenues sont en métal.
Dans les chapelles du déambulatoire : une Piéta du XV ème , la statue de Sainte Catherine du XV ème en costume de la noblesse bretonne une fourrure d'hermine ornant le bas de son manteau, un gisant du XIV ème malheureusement mutilé, une vierge noire.
Voûtes angevines avec en leur centre de belle clé sculptée et voûtes en berceau brisé.
Juste en face de l'Eglise l'ancien logis du Prieur qui date du XVI ème siècle.
Bon Dimanche à toutes.